Après trois mois de fermeture, le guichet MaPrimeRénov’ « rénovation d’ampleur » a rouvert le 30 septembre 2025. Mais cette reprise ne se fait pas sans ajustements : critères d’éligibilité restreints, budgets resserrés et inquiétudes persistantes du côté des professionnels. Pour les acteurs de l’immobilier, comprendre ces évolutions devient essentiel afin d’accompagner au mieux leurs clients dans leurs projets de rénovation.
Rappel : une suspension pour réajuster
Dans notre article de juin, nous revenions sur la décision du gouvernement de suspendre temporairement MaPrimeRénov’ à compter du 23 juin 2025.
Cette pause devait permettre de répondre à une double problématique : l’afflux massif de dossiers, qui mettait à mal la capacité d’instruction de l’Anah (l’Agence nationale de l’habitat), et la montée des fraudes, évaluées à près de 12 % des subventions versées.
La suspension n’avait concerné que le parcours « rénovation d’ampleur », c’est-à-dire les projets globaux visant un gain d’au moins deux classes au DPE, tandis que les rénovations « par geste » (isolation ponctuelle, changement de chaudière, etc.) et les aides en copropriété restaient accessibles.
L’été a donc été une période de réajustement, marquée par la mise en place de contrôles renforcés et l’annonce de nouvelles règles plus strictes à la réouverture.
Une reprise ciblée et plafonnée
Depuis le 30 septembre, MaPrimeRénov’ est de nouveau accessible, mais avec des conditions beaucoup plus sélectives :
- Un public prioritaire restreint : Dans un premier temps, seuls les ménages très modestes peuvent déposer un dossier.
À noter que l’accès pourrait être élargi aux ménages modestes selon le rythme de dépôt. - Des logements ciblés : Seuls les biens classés E, F ou G au DPE (les passoires thermiques) sont désormais éligibles.
- Un nombre limité de dossiers : Pour la fin de l’année 2025, seuls 13 000 projets seront acceptés, contre plus de 44 000 sur le premier semestre. Les dossiers déposés au-delà de ce seuil seront rejetés.
- Des plafonds revus à la baisse : 30 000 € maximum pour un gain de deux classes et 40 000 € pour un gain de trois classes ou plus.
Le bonus de 10 % « sortie de passoire » (lorsque les travaux initiés permettent au logement de sortir du statut de passoire thermique) a été supprimé.
En clair, la logique est désormais de concentrer l’effort public sur les rénovations globales les plus nécessaires, avec un budget strictement encadré.
Un secteur fragilisé malgré la reprise
Pour les professionnels du bâtiment, cette reprise sous contrainte ne suffit pas à dissiper les inquiétudes. Dans le Grand Est, la fédération du bâtiment alerte : « on voit bien qu’il y a un entonnoir désormais pour accéder à cette prime Rénov’ », explique Samuel Lorrain, secrétaire général en Moselle.
De nombreuses entreprises, notamment spécialisées dans les rénovations globales, dépendaient quasi exclusivement de MaPrimeRénov’. L’exclusion de certains travaux (comme l’isolation des murs ou certaines chaudières biomasse) et la baisse du nombre de dossiers acceptés risquent de fragiliser encore davantage leur activité.
Ces restrictions interviennent alors que le secteur du bâtiment traverse déjà une crise profonde qui passe notamment par la baisse des carnets de commandes, le recul de la construction neuve et de nombreuses incertitudes économiques.
Une volonté affichée de lutter contre les abus
Du côté du gouvernement, le recentrage de MaPrimeRénov’ est assumé. L’objectif est d’éviter les dérives et de concentrer les crédits sur les rénovations réellement efficaces.
Les fraudes détectées ces derniers mois s’élèvent à plus de 13 000 dossiers suspects. Elles ont ainsi justifié la mise en place de contrôles renforcés et d’un encadrement strict des mandataires et accompagnateurs Rénov’.
Si ce resserrement permet de sécuriser l’usage des fonds publics, il interroge néanmoins sur la capacité de l’État à atteindre ses objectifs de transition énergétique dans un calendrier déjà tendu.
Quels impacts pour les acteurs de l’immobilier ?
Pour les professionnels de l’immobilier, ces évolutions changent profondément la donne. Tout d’abord pour les gestionnaires locatifs et syndics qui doivent conseiller au mieux leurs clients bailleurs sur les aides disponibles et anticiper les blocages liés au nombre limité de dossiers. Ensuite, pour les administrateurs de biens dans leur accompagnement des propriétaires dans la planification de leurs rénovations en intégrant les contraintes budgétaires et temporelles de MaPrimeRénov’.
Enfin, pour les professionnels de la transaction, l’enjeu est de maîtriser les impacts sur la valorisation des biens classés F et G, dont la rénovation reste un enjeu majeur pour la vente ou la mise en location.
Se former pour anticiper les prochaines évolutions
Le retour de MaPrimeRénov’ marque une nouvelle étape dans la politique publique de rénovation énergétique : moins d’universalité, plus de ciblage, et une exigence accrue de conformité. Les professionnels de l’immobilier ne peuvent plus se contenter de relayer l’information : ils doivent être capables de décrypter ces dispositifs pour conseiller leurs clients de manière stratégique.
Chez SIAM Formations, nous proposons des modules dédiés à la rénovation énergétique, au DPE et à la réglementation Climat et Résilience. Ces formations permettent de comprendre les critères d’éligibilité, d’anticiper les évolutions budgétaires et de transformer ces contraintes en opportunités de conseil et de valorisation pour vos clients.