Après plusieurs mois de baisse, les taux de crédits immobiliers se sont stabilisés autour de 3 % à l’été 2025. Mais derrière cette accalmie apparente, les signaux convergent : le marché pourrait connaître une nouvelle phase de hausse dès 2026, portée par un contexte économique, financier et politique instable.
Un palier atteint à l’été 2025
En juillet 2025, le taux moyen des crédits immobiliers s’est établi à 3,07% selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA. Un niveau qui marque la fin de la décrue amorcée en 2023. Les prêts à 15, 20 et 25 ans affichent respectivement 3,25 %, 3,40 % et 3,50 % en moyenne.
Cette stabilisation résulte de plusieurs facteurs :
- La baisse des taux directeurs de la BCE au printemps (2,15 % en juin) a engendré une hausse de 47% des prêts immobiliers en 1 an.
- Des efforts promotionnels des banques pour relancer la demande.
- Un environnement obligataire temporairement apaisé.
Pour autant, les intentions d’achat et la demande de crédits se sont affaiblies, révélant une prudence croissante des ménages comme des établissements bancaires.
L’instabilité politique en toile de fond
L’hypothèse d’une chute du gouvernement le 8 septembre prochain et les incertitudes géopolitiques pourraient causer une augmentation des taux des emprunts d’Etat. Actuellement, elles ont provoqué une hausse de l’OAT 10 ans (taux de référence pour l’État français), passé de 3,20 % en début d’année à 3,54 % fin août, ce qui rend les prêts plus coûteux.
Or, les banques se basent souvent sur cet indicateur pour établir leurs barèmes de crédit. Ainsi, plusieurs experts anticipent une hausse de 0,10 à 0,20 point d’ici fin 2025. Les banques, ayant déjà atteint leurs objectifs annuels grâce à une forte reprise du marché, pourraient profiter de ce contexte pour durcir légèrement leurs conditions de prêt.
Face à cette instabilité politique, une partie des acheteurs sont susceptibles d’exprimer certaines réserves concernant les incertitudes fiscales qui l’accompagnent. Néanmoins, ces derniers pourront toujours bénéficier d’aides telles que le PTZ ou les prêts bonifiés.
Vers une remontée des taux en 2026
Les prévisions convergent : après un taux moyen attendu autour de 3,05 % au 4e trimestre 2025, la moyenne annuelle pourrait grimper à 3,31 % en 2026, avec des pointes à 3,40 %.
Trois dynamiques l’expliquent. Premièrement, le retour des taux réels positifs : avec une inflation autour de 1,6 %, les taux d’intérêt dépassent désormais la hausse du revenu disponible, rognant le pouvoir d’achat des ménages. Deuxièmement, les banques sont confrontées à une demande fragile et à des risques accrus de défaut et redoublent de vigilance. Enfin, le contexte macroéconomique dégradé explique également cette hausse par le ralentissement de la croissance, le chômage en hausse, ainsi que l’instabilité politique et fiscale. Les anticipations concernant 2026 résultent de ce qui est attendu en résultat des déséquilibres qui se sont accumulés dernièrement.
Il ne s’agit pas d’un scénario de récession brutale, mais plutôt d’un ralentissement progressif avec une croissance molle du marché immobilier.
Les conseils de SIAM Formations face aux conséquences de cette hausse
Cette évolution des taux impose plusieurs adaptations. Il est primordial pour les professionnels de conseiller et de sécuriser les acquéreurs en les accompagnant dans la comparaison des offres, le montage de dossiers solides et l’optimisation de l’apport personnel.
Un autre défi est d’intégrer la contrainte du financement dans la valorisation des biens car un logement attractif sur le papier peut devenir inaccessible en raison du coût du crédit.
Anticiper le ralentissement de la demande en 2026 permettrait aussi de mieux gérer son activité. Une anticipation qui consiste à prendre en compte à la fois des primo-accédants pénalisés, des investisseurs refroidis par la fiscalité et le coût du crédit, ainsi que des arbitrages accrus vers l’ancien plus accessible.
Enfin, mettre en avant les aides mobilisables telles que le PTZ, les prêts bonifiés, les dispositifs locaux ou employeurs peuvent constituer des leviers décisifs.
Le marché devra s’habituer à des taux durablement plus élevés qu’avant 2022. Pour tous les professionnels de l’immobilier, la clé réside dans la pédagogie auprès des clients et dans une montée en compétences sur les stratégies de financement.